C’est depuis le quartier de Kadiköy, situé sur la rive Orientale du Bosphore d’Istanbul que ma compagne et moi-même, décidons de partir à la conquête de la Turquie intérieure, en stop.
Malgré la barrière de la langue et un soleil de plomb, nous trouvons tout de même le moyen d’atteindre nos destinations sans trop de difficultés. De la côte Turquoise, en passant par la voie Lycienne, nous prenons la direction de Konya, ancienne capitale du sultanat seldjoukide d’Anatolie et berceau même des rituels Mevlevî traditionnels, fonde au XIIIeme siècle par le poète Mevlana Jelaludin Rumi. Dès 1273, l’ordre s’établit dans tout l’Empire ottoman et est aujourd’hui présent dans toutes les communautés turques du monde.
Depuis une dizaine d’années, cette ville accueille l’un des plus grands festivals de musique soufi au monde, le Konya Mystic Music Festival. Pour cette édition, le festival reçoit des musiciens traditionnels en provenance, d’Indonésie, d’Iran, Mayotte, Pakistan, Tadjikistan, Espagne et Inde et bien entendu les fameux derviches tourneurs de Konya et leur danse envoûtante qui ont fait la renommée de l’ordre Mevlevî. Nous avons alors le privilège d’assister à la représentation du Konya Turkish Sufi Music Ensemble et l’ensemble Sama, réputée pour être la formation la plus respectée du pays.
Le rituel Sama est une pratique qui m’a toujours facine. Cela est décrit comme étant une voie physique permettant d’atteindre le divin. Cette cérémonie faite de prières, de musique et de danse permet aux derviches d’entrer en transe. Le derviche tourne sur lui-même, une main tendue vers le cosmos et l’autre vers la terre. Le mouvement giratoire du derviche symbolise les mouvements des électrons et des planètes. Je souhaitais donc assister à cette cérémonie, sans avoir la prétention de comprendre ce qui entraine la modification de conscience de ces hommes.
L’ensemble musical est ici composé de huit chanteurs, d’un joueur de Ney (flute oblique), de Kemanja (Luth à corde frotees), d'Oud, de Quanun (cithare sur table) et de Bendir (tambour sur cadre). La composition, divisée en sept sections, est à la fois vocale et instrumentale, utilisant différents cycles rythmiques.
La cérémonie commence donc par des prières. Les derviches tourneurs entrent ensuite en scène. Sous la direction du maître spirituel, le Cheikh, les danseurs marchent lentement sur les bords de la piste, puis s’assoient les uns a coté des autres, sur des peaux de mouton. Ils ne manifestent aucune expression sur leur visage. C’est après une petite dizaine de minutes que l’ensemble musical démarre la composition. Les hommes se levent à nouveau et commencent à tourner doucement sur eux-mêmes. Nous comprenons alors que le rituel Sama vient de démarrer et que ces hommes se sont doucement laissés prendre par la transe. Au fur et à mesure de la performance, les danseurs tournent de plus en plus vite. Leurs soutanes forment un disque. Les yeux clos, ils maitrisent parfaitement leur équilibre. Leurs déplacements semblent être contrôles par le maître. Nous ne voyons, à aucun moment, les hommes se toucher. Nous pouvons ressentir la puissance de la musique et des énergies produites pendant ce rituel. La transe s’arrête alors lorsque le cheikh en a decide ainsi. Les derviches voient leurs rotations devenir de plus en plus lentes jusqu’à s’arrêter.
Cette musique, composee dans le but d’accompagner les derviches tourneurs vers cette transe, a également le mérite d’être puissante et envoutante.
Les Cartes Postales SonoresSaint Georges De Reintembault, France
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